MURA

Création pour une jongleuse, une trapéziste, une équilibriste et des barrières architecturales
MURA est un spectacle de cirque dans l’espace public.
50 min – tout public – en déambulation – urbain et rural

Spectatrices de l’aménagement actuel des villes et des cloisons qui y poussent un peu partout, nous nous sommes questionnées sur la manière dont l’humain avait pris l’habitude de segmenter l’espace, à travers les murs, les barrières, les marches, les murets, les murailles, les escaliers, etc. Pour sécuriser l’espace, ou le posséder, ou l’organiser. Comment notre chemin et nos parcours sont-ils influencés par ces délimitations ? Quelle influence ont-elles sur notre quotidien et notre vision du monde ? Comment appréhendons-nous ce cloisonnement ? A travers nos langages communs que sont la danse et le cirque (jonglage, équilibre et trapèze), nous voulons changer les règles du jeu : ouvrir un temps suspendu pendant lequel réinterpréter l’espace public, et réinventer notre rapport à la limite. Le temps du spectacle, les barrières architecturales perdent leur symbolique et sont utilisées comme un nouvel espace de jeu.

Nous voulons jouer avec les limites visibles et invisibles du quotidien et pour cela, nous voulons utiliser les murs, les barrières, les grillages, les parois présentes dans l’espace.
Le Murisme est ainsi pour nous l’action de pratiquer les murs, de les faire devenir éléments de spectacle, de jouer avec ce qui est ordinairement considéré comme obstacles dans l’espace public. Marcher, monter, descendre, avancer, traverser, grimper, se hisser, escalader, se suspendre, dépasser, longer, raser, s’appuyer, s’abriter, s’infiltrer, gratter, frotter, gripper, gratter. Nous voulons apporter de la poésie dans les lieux parcourus tous les jours, amener le public à les ré-imaginer pour un temps donné. Nous convions le public à un voyage dans l’espace public.

On passe du temps sur place. Le temps passe. On tient le mur. On constate, on observe, on retrace, on appréhende le parcours comme on appréhenderait une nouvelle étape d’un voyage : sa longueur, son niveau de difficulté, les risques, les pentes, la matière, la géologie, la biologie, la météo, la lumière… On fait un plan. On rend compte de chaque passage, chaque surface, avec ses particularités, son contexte. On déploie une science inexacte qui se veut empirique, mais qui tend vers la poésie des listes, des chiffres et des observations. On cumule des informations, des notations. Puis on choisit le parcours le long duquel nous allons convier le public. Nous appréhendons chaque parcours comme une tentative supplémentaire. Chaque spectacle est un récit de ces tentatives.

MURA veut apporter un regard poétique sur les limites visibles et invisibles qui font partie de notre quotidien.

« Les limites sont des éléments marquants du paysage, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. »

Relation au public et modulation de l’espace scénique

Mura étant un spectacle crée dans et pour l’espace public, nous souhaitons avoir une journée de travail sur place en amont, pour prendre en compte le paysage et faire les adaptations nécessaires pour être en cohérence avec lui. Nous avons créé un canevas qui puisse être repensé à chaque fois en fonction du parcours choisi. L’envie, au-delà de nos réflexions sur les délimitations de nos espaces quotidiens, est aussi de faire d’un lieu de passage, d’un bout de ville, un lieu de représentation. Permettre aux spectateurs de voir leur quartier avec une perspective différente, de poser un autre regard sur cet amas de béton ou de pierres, créer une synapse pour s’approprier l’espace autrement. Mura est la rencontre entre des corps et des matières. C’est cette rencontre qui engendre les situations, crée la relation entre les artistes en jeu et amène le public à se déplacer dans l’espace.
Au fur et à mesure que le spectacle avance, le public se déplace avec lui, et prend conscience de comment son entourage est transformé.

« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux. » Cap au pire, Samuel Beckett